Portrait de Patti Smith enfant

Glaneurs de rêves

Nous courrions dans l’herbe, nous y retrouvions nos amis. Parfois, je me laissais tomber dans le lit de verdure et je contemplais le ciel.

On aurait dit que la carte de toute la création était tracée là-haut et, distraite du rire des autres enfants, je basculais dans une immobilité que j’aspirais à maîtriser. Là, il était possible d’entendre une graine se former, d’entendre l’âme se replier comme une nappe blanche.

Ces mots sont de Patti Smith, extraits de son ouvrage à mi chemin entre souvenirs et poésie Glaneurs de rêves qu’elle a écrit en 1992.

Une allure indétrônable

J’ai toujours aimé Patti Smith, je suis une fan de la première heure.

J’ai découvert son premier album et son allure indétrônable en 1975 lors d’un voyage scolaire de mon collège en… Andorre. Là, dans une boutique de vinyles, la pochette de l’album Horses m’a attrapée. Cette photo de Robert Mapplethorpe m’a magnétisée pour ne plus me lâcher.

Je l’ai suivie durant ses fulgurantes années punk-rock à New York. Puis je l’ai perdue de vue quand elle s’est mariée et a décidé de quitter la vie publique pour élever ses enfants. Mais les vraies amitiés ne meurent jamais. Et c’est intacte que notre relation s’est réveillée lorsqu’elle a commencé à publier des livres… Glaneurs de rêves, La Mer de Corail, Just kids et le récent M train (tous parus chez Gallimard) que j’ai lus avec beaucoup d’intérêt, de surprise et de plaisir.

Ce qui me plaît, entre autre dans M train, c’est  de découvrir une femme qui assume son âge, qui a l’âge qu’elle a et déploie sa vie à partir de là, pour de bon.

Un souffle méditatif

Dans chacun des livres de Patti Smith, je trouve un souffle méditatif qui m’inspire. Dans cet extrait de Glaneurs de rêves, la manière dont elle décrit cette immobilité qu’elle aspire à maîtriser me rappelle tout à fait le geste de la méditation. Nous nous asseyons et tentons d’apprivoiser l’immobilité pour que l’agitation habituelle s’efface. Au profit d’un monde nouveau. Direct, frais, vivant.

Il y a aussi dans la méditation cette précision que nous tentons de développer jusqu’à pouvoir entendre une graine se former ou une âme se replier

L’été, les mois d’août, les mois de flottements et de doutes sont particulièrement propices pour glaner les rêves. Pour s’arrêter, regarder son âge, sa vie. Et écouter avec délicatesse et détermination ce qui pourrait raviver notre élan.

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2 réflexions sur “Glaneurs de rêves”

    1. Marie-Laurence Cattoire

      J’ai réécouté « Free money » ce matin au réveil… J’ai la chance d’avoir conservé tous ses vinyls que j’avais achetés à l’époque…Bon week-end 😉

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