Être créatif face à la mort

Rencontre avec Marie de Hennezel

J’ai trouvé dans le livre de Marie de Hennezel Croire aux forces de l’esprit une description très juste de ce peut être la présence réelle, la pleine présence. Et j’ai tout de suite eu envie de la rencontrer. Par chance, un ami commun a pu nous mettre en relation. Marie de Hennezel m’a reçue chez elle. Durant notre  entretien cette femme a fait preuve d’une présence, d’une précision et d’une clarté rares. Mes questions s’enchaînaient et elle y répondait avec fluidité, bienveillance et une grande intelligence.

La méditation pour « mieux vieillir »

Marie de Hennezel pratique la méditation régulièrement. Depuis quelques mois elle anime des conférences d’introduction à la Pleine présence, à la demande d’une grande mutuelle de santé. Connaissant les bienfaits de la méditation, cette mutuelle propose en effet des initiations à ses adhérents retraités, dans une optique de prévention de la « mauvaise vieillesse ».

La mort intime

Quand nous avons abordé le sujet de la mort, ses propos m’ont impressionnée. Marie de Hennezel est l’auteur de La mort intime. Son travail a contribué à l’évolution des pratiques d’accompagnement de la fin de vie. Quand nous nous sommes vues, elle revenait d’un mois passé dans les camps de réfugiés du Kurdistan irakien, à soutenir les psychologues qui accueillent sur place des femmes qui ont connu l’horreur.

Autant dire que Marie de Hennezel est une femme courageuse et qui sait se relier à l’essentiel. Voici un extrait de ce qu’elle m’a dit à propos des derniers moments de la vie :

Les gens qui sont sujets de leur mort, qui sont conscients qu’ils vont bientôt mourir, que ce temps est important, que ce temps est même irremplaçable, savent dire ce qu’il faut à chacun. Et ces paroles sont celles sur lesquelles les survivants, c’est-à-dire ceux qui leur survivent, s’appuient ensuite dans leur deuil. Ceux qui vont mourir nous apprennent à vivre. Je crois que c’est dans ce sens-là que l’on peut être créatif. Une vie est une œuvre, et chaque moment de cette vie contribue à cette œuvre, y compris les tout derniers moments. Alors on est créatif par un regard, une parole, un geste qui va rester chez celui qui le reçoit et qui en fera quelque chose. François Mitterrand disait « les morts ne nous demandent pas de les pleurer mais de les continuer ».

Continuer les morts… Nous sommes dépositaires de quelque chose qu’ils nous ont laissé et c’est à nous de continuer à faire vivre cela… Voilà comment s’est conclu cette rencontre pleine de densité et d’humanité.

Pour lire l’entretien in extenso, voir Le Monde des Religions n°83

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