Rencontre avec une femme au grand cœur

J’aime beaucoup cette anecdote que m’a racontée Sharon Salzberg lors de sa récente venue à Paris.

Voir les cerisiers en fleurs

Il y a quelques années, une amie lui a proposé d’aller voir les cerisiers en fleurs au bord du lac de Washington. Quand elles sont arrivées sur place, Sharon s’est extasiée devant le spectacle grandiose de tous ces arbres à la floraison délicate et généreuse, reflétée dans le miroir du lac. Elle était aux anges. Mais son amie s’est exclamée « Mince, à un jour près nous avons raté le pic de floraison. Nous aurions dû venir hier, c’est trop dommage ! » La joie de Sharon s’est aussitôt transformée en déception. Elles avaient raté le coche !

Comment un émerveillement peut-il soudain se métamorphoser en frustration ? Une simple petite phrase, souvent anodine, nous empêche de laisser notre expérience s’épanouir pleinement. Et ce type de messages, nous en recevons à longueur de journée. Ils nous traversent et même nous orientent. Alors, au lieu de vivre notre vie, nous la commentons, nous la jugeons, nous la comparons… « Ah, quelle chance ont eu ceux qui sont venus voir les cerisiers la veille… »

Se relier à l’expérience pour de bon

Méditer consiste à se relier à notre expérience, telle qu’elle est, sans jugement, sans commentaire. Petit à petit, en débusquant tout ce que nous rajoutons d’inutile sur notre expérience, nous découvrons ce que nous vivons réellement. Nous découvrons un espace d’équilibre, ouvert et simple ; celui d’une existence accueillie pleinement. Méditer nous aide à cesser d’alimenter notre ressentiment et notre colère. En cultivant une attention sans préjugés, nous accédons à une dimension saine de notre être qui n’est autre que la bonté de notre cœur. C’est une démarche extrêmement bienveillante pour soi.

La méditation nous apprend à moduler notre attention, à l’étirer, à développer un esprit d’expérimentation, plein de curiosité. Nous nous dirigeons alors vers un endroit de vérité, rempli de bienveillance. Cette bienveillance envers soi nous permet de nous sentir entier au lieu de nous sentir diminué par les circonstances

déclare Sharon Salzberg.

Serrer sa brosse à dents !

Méditer nous permet de voir nos peurs, nos anxiétés. Et plutôt que d’observer placidement, nous pouvons nous intéresser avec beaucoup de curiosité à ce qui est là. « On peut regarder avec quelle crispation on tient sa brosse à dent par exemple. C’est un excellent point de départ pour travailler sur sa peur ! » dit en riant Sharon. Nous sommes trop distants de la vie ou, à l’inverse, nous sommes engouffrés, submergés par nos angoisses. « Ce n’est pas l’inconnu qui nous fait peur, c’est ce que nous croyons connaître » ajoute-t-elle. Méditer nous permet de nous libérer de nos croyances sur tout et tout le monde, croyances tissées d’habitudes et de messages diffus. Ainsi nous clarifions notre vision du monde.

Une femme au grand cœur

Née à New-York en 1952, Sharon Salzberg a très tôt été formée à la méditation par différents grands maîtres indiens, tibétains et birmans. Aujourd’hui, elle dirige des retraites de méditation dans le monde entier, notamment auprès de soldats américains qui reviennent de conflits.

J’ai beaucoup de respect pour son admirable travail. Et j’ai beaucoup de tendresse pour cette femme que j’ai rencontrée plusieurs fois. Au mois de mai dernier, à l’occasion de la sortie de son nouveau livre « Comment s’ouvrir à l’amour véritable« , je l’ai interviewée pour Le Monde des Religions (n°90 en kiosque actuellement).

Et de nouveau, j’ai ressenti la chaleur et la qualité d’accueil qui caractérisent cette grande enseignante de méditation.

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