Nous ne savons plus lever les yeux au ciel, nous vivons de manière horizontale.
J’ai entendu cette phrase hier soir au cinéma. J’étais allée voir le film hongrois La lune de Jupiter, une œuvre du réalisateur Kornel Mundruczo, à mi-chemin entre fable fantastique et essai politique. Cette phrase toute simple m’a interpellée…
Découvrir un espace plus vaste
Dans mon quotidien, quand je me sens un peu oppressée – ou tout simplement trop pressée – , j’aime lever les yeux au ciel.
En ville je découvre alors un espace plus vaste. Le haut des immeubles qui se découpent sur un ciel bleu. Ou les lumières de Noël qui brillent déjà sur un ciel gris. Parfois une femme entrain de nettoyer les carreaux au quatrième étage ou des ouvriers affairés tout en haut d’un échafaudage. Ou encore le clocher d’une église que l’on sent prêt à vibrer et à chanter dès l’heure est venue.
À la campagne, j’ai l’impression que lever les yeux vivifie la qualité de l’air qui m’entoure. Je me laisse surprendre par le dessin des nuages, par la couleur des cieux qui changent si vite au fil des jours et des saisons.
Retrouver sa place
Ce qui me plaît aussi, c’est qu’en levant les yeux j’ai un rapport plus concret à mon corps. Mon esprit cesse de jouer le premier rôle. De manière assez étonnante, voir l’immensité du ciel me donne à la fois un sentiment de liberté et une sensation plus aiguë de la présence corporelle. Comme si je retrouvais ma place sur cette terre, une juste place, ni trop grande ni trop insignifiante. Comme une justesse des proportions qui se rééquilibrent.
Un regard d’enfant
Quand nous oublions de lever le regard, notre monde devient très horizontal. Tout y est plat, connu, pénétrable et sans grande surprise. L’écran d’ordinateur, les voitures qui se suivent, les foules fatiguées ou les rues désertes.
Dès que nous levons les yeux, nous redevenons comme des enfants. Avez-vous vu le regard d’un enfant qui s’émerveille des hauteurs du monde et de la vie ?
Se poser et voir clairement
Il y a quelques années, lors de ma première retraite de méditation, mon instructeur m’avait conseillé : médite le regard posé au sol (c’est l’instruction de base), puis tous les quarts d’heure lève les yeux vers le ciel.
J’avais trouvé cela merveilleux.
Pouvoir se poser, se stabiliser dans une belle immobilité, dans un silence ressourçant. Puis, régulièrement, reprendre contact avec le ciel et trouver une certaine ampleur, un nouveau souffle, une vue claire, sans limites à son champ de vision.
L’horizon humain
Nous sommes des êtres humains et il est normal – et bon – d’avoir un horizon.
Pour autant, nous ne devons pas oublier qu’il est toujours possible de nous offrir « une bouffée d’espace ». En levant les yeux et en accueillant l’immensité alors offerte en une fraction de seconde.
Si vrai ! Hier, je suis allée au bois de Vincennes, un puissant et irrésistible besoin de voir les arbres. Les arbres nous montrent inlassablement le ciel, hausse notre regard tout naturellement. ce fut incroyablement régénérant…
C’est tout à fait juste, les arbres nous élèvent spontanément pour peu qu’on veuille bien les regarder ! Merci pour ton commentaire Catherine, Marie-Laurence