Ma première rencontre avec Fabrice Midal s’est passée en 2004. Il m’a appris à méditer. Et j’ai découvert sa puissance de travail. Sa manière d’enseigner, sans répit, l’essentiel de la méditation à une époque où c’était loin d’être évident.
Il fut par exemple le premier en France à montrer l’importance de la bienveillance et à transmettre des pratiques dédiées
Pleine présence et bienveillance sont les deux ailes d’un même oiseau.
déclare-t-il. C’est grâce à la bienveillance, ajoute-t-il, que nous éviterons que la méditation ne soit pervertie et transformée au mieux en outil de bien-être, au pire en nouvelle arme pour être plus efficace.
Il a ainsi promu en France le travail de Sharon Salzberg (L’amour qui guérit), de Tara Brach (L’acceptation radicale) et plus récemment de Thupten Jinpa (Oser la compassion).
Il est lui-même l’auteur d’une série d’ouvrages passionnants qui explorent la méditation bien sûr, mais tout autant l’art moderne, la poésie, la photographie ou la tradition chevaleresque. Autant de manières d’explorer en profondeur l’art d’être humain.
L’année dernière Fabrice Midal a pris un nouveau virage dans sa manière d’enseigner et d’écrire. Ciselés, personnels, sans concession, ses deux derniers livres abordent une nouvelle possibilité de rapport à soi : se traiter moins durement, avoir plus d’égards pour soi peut en effet s’apprendre…
Foutez-vous la paix
Avec la publication de Foutez-vous la paix et commencez à vivre, Fabrice Midal impose un style libre de conventions qui aide concrètement à comprendre comment en finir avec la maltraitance ordinaire que nous nous infligeons. Sous prétexte de devenir parfait, nous ne nous fichons jamais la paix.
Étonnamment, ce livre nous fait entrer dans une dimension spirituelle rarement si bien montrée. Celle qui nous aide à vivre comme nous sommes, exactement tels quels, au lieu de vouloir être quelqu’un d’autre. Celle qui nous invite à nous engager dans ce monde au lieu de rêver d’un ailleurs meilleur. Celle qui nous aide à nous ancrer au lieu de flotter davantage. « Le chemin de toute une vie est d’apprendre à s’incarner », enseignait-il lors d’un séminaire sur la spiritualité, en 2015. Avec ce livre, il nous montre comment faire.
Radical et profondément bienveillant, cet ouvrage a trouvé son public et est entré dans la liste des best-sellers 2017.
Sauvez votre peau
Aujourd’hui Fabrice Midal déploie cette nouvelle approche avec Sauvez votre peau et devenez narcissique. Il y revisite le mythe de Narcisse et invite chacune, chacun à se rencontrer avec bonté et honnêteté. Ce livre déculpabilisant (et assez bouleversant) nous aide à voir comment s’approcher de nous-même, doucement, pour enfin entrer en amitié avec ce qui nous constitue.
Tant que nous aurons peur de ce que nous sommes, ou que nous en aurons honte, nous ne pourrons pas aider les autres ni le monde. C’est par la découverte et l’acceptation de notre singularité que nous pourrons rendre le monde meilleur. Pas en nous fuyant sans arrêt. Voilà ce que nous apprend cet étonnant livre.
Derrière la provocation, un vrai message d’amour
En dénonçant notre propension à nous sacrifier, à nous maltraiter, à nous auto-exploiter, Fabrice Midal nous montre un chemin d’amour véritable. Il nous prend par la main pour nous amener vers la connaissance de qui sommes véritablement, toujours bien moins mauvais ou monstrueux que ce que nous imaginons. C’est la voie d’une possible renaissance, comme celle de Narcisse qui renaît en fleur une fois qu’il s’est rencontré. Et c’est en apprenant à se connaître qu’on peut enfin être en paix avec soi.
Être narcissique, c’est accepter l’être que je suis dans toute sa fragilité
déclare-t-il dans l’entretien que j’ai mené avec lui pour Le Monde des Religions*.
« Accepter l’être que je suis » Existe-t-il message plus clair de tolérance ?
*Le Monde des Religions n°88, actuellement en kiosque, a publié les propos que j’ai recueillis auprès de Fabrice Midal autour du mythe de Narcisse. Photos Gilles Bassignac.