Ne rien faire
Souvent, on me pose la question de savoir comment, en décidant juste de s’asseoir quelques instants immobile, en silence, on peut entrer en rapport au monde.
En quoi ne rien faire pourrait nous aider à mieux voir le monde, à le comprendre et à agir plus justement ?
Ne rien faire pour agir mieux
Hier soir en rentrant d’une longue journée de travail, j’ai sorti de ma bibliothèque un petit livre, acheté il y a quelques années, et pas encore lu : « Les aphorismes de Zuraü » de Franz Kafka.
Les aphorismes de Zuraü
Kafka a écrit ces aphorismes – phrases de quelques mots – entre 1917 et 1918. Il séjourne alors chez sa sœur, au cœur de la campagne de Bohème.
Lui que l’on connaissait pour remplir de son écriture serrée de pleins cahiers d’écolier, nous livre ici des sentences courtes et singulières, parfaits supports de méditation.
Feuilletant le livre, comme j’aime le faire, au hasard de l’ouverture des pages, je découvre un aphorisme qui me semble répondre de manière à la fois claire et poétique.
À mon sens, cette phrase décrit magnifiquement le mouvement de la méditation :
Il n’est pas nécessaire que tu sortes de chez toi. Reste assis à ta table de travail et écoute. N’écoute même pas, attends seulement. N’attends même pas, sois tout à fait silencieux et seul. Le monde va s’offrir à toi et jeter son masque, il ne peut pas faire autrement…
Dans la méditation, il y a cet accueil ouvert et paisible. Il permet de laisser venir à nous le monde. Pendant quelques dizaines de minutes, nous cessons toute agitation pour retrouver un rapport à l’action juste. C’est-à-dire à une action dictée par la situation vue dans son ensemble, avec clarté. Ce qui est bien différent que de fonctionner par réaction impulsive… et souvent irréfléchie.