Faire face à la maladie et à la vieillesse

Mardi soir je suis allée voir le nouveau film de Mia Hansen-Løve. Alors qu’il évoque une histoire assez tragique, celle d’une jeune femme face à la maladie et au déclin inéluctable de son père, Un beau matin est porté par la grâce… Pour son huitième long métrage, la réalisatrice parvient en effet à montrer sans pathos la tension extrême qui configure toute vie : tristesse et joie, jeunesse et vieillesse, pleine santé et maladie, vie et mort… sans jamais tomber dans les clichés.

Une leçon de vie !

Porté par des actrices et acteurs au sommet de leur art, Un beau matin accompagne le parcours de Sandra (Léa Seydoux) qui tient comme elle peut face à la maladie de son père (Pascal Greggory) atteint du syndrome de Benson. Cette maladie dégénérative oblige cet ancien professeur de philosophie a cessé son activité, puis à cesser de faire ce qu’il aime le plus au monde : lire.

S’organiser concrètement

On assiste alors à tous les aspects concrets qu’impliquent la vieillesse et le déclin : déménager l’immense bibliothèque de cet intellectuel lorsqu’il doit partir à l’hôpital. Trouver une manière respectueuse et humaine de prendre en charge sa mémoire. Chercher un Ehpad qui ne soit pas terrifiant… Bien que toutes ces questions « triviales » soient abordées sans romantisme, à aucun moment le film n’est désespérant. Il est émouvant, remuant, certes, mais aussi tendu vers un espoir incarné par la jeunesse de sa fille. Et par la passion amoureuse qu’elle rencontre au même moment, qui vient faire comme contrepoint.

Lea Seydoux allongée sur le lit de la chambre de l'Ehpad de son père. Vieillesse

Comment prendre soin de nos aîné·es ?

C’est la question cruciale qui se dessine tout au long du film. Comment accueillir la vieillesse, la sienne et celles de nos proches ? De quelle manière prendre soin de son père ? Lui faire écouter la musique qu’il aime ? Lui parler quand il ne comprend plus ? L’accompagner aux toilettes ? Mia Hansen-Løve n’apporte aucune réponse radicale. Elle ne porte aucun jugement. Mais elle montre simplement des possibilités, des pistes, des réflexions, en s’appuyant sur sa propre expérience autobiographique.

Offrir la méditation aux personnes âgées

Dans l’École où j’interviens, nous avons décidé il y trois ans de créer un programme de bénévolat pour offrir la méditation aux personnes âgées. Nous intervenons en Ehpad et auprès d’associations. Nous avons cette année étendu le bénévolat aux aidant·es et accompagnant·es souvent méconnu·es et épuisé·es, parfois désemparé·es… La méditation leur redonne de la force. Elle reconnecte aux ressources de chacune, chacun, quel que soit son état de santé. Elle offre aussi un « être ensemble » qui manque cruellement dans nos sociétés.

Une soirée et une journée d’information

La semaine prochaine j’organise deux rendez-vous autour de ce programme de bénévolat. Vendredi 28 octobre 2022, je reçois la sociologue Mélissa-Asli Petit pour parler de liens intergénérationnels et de transmission. La soirée est gratuite et ouverte à toutes et à tous.
Samedi 29 octobre, nous présenterons nos retours d’expérience après deux ans d’ateliers de méditation en Ehpad et plateformes de répit. La journée est réservée aux membres de l’École. Nous verrons comment il est possible d’offrir la méditation, quelles guidances sont les plus aidantes. Et surtout comment offrir sa présence.

Simplement offrir sa présence, c’est déjà énorme.

Un beau matin, un film de Mia Hansen-Løve, Les Films Pelléas, avec Léa SEYDOUX , Pascal GREGGORY, Melvil POUPAUD, Nicole GARCIA, Camille LEBAN MARTINS

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This Post Has 4 Comments

  1. SIMONIN Répondre

    Merci pour ce beau travail, cette belle proposition. Vieillissante (60 ans en 2023) et invalide depuis qq années, j’ai vécu deux dépressions (l’une lors de la décision CPAM de l’invalidité, l’autre tout récemment) liées à la croyance dans le message implicite délivré partout : « je » serais payée à ne rien « faire », « je » coûterais cher, « je » pèserais aux jeunes donc mes enfants … C’est horrible !!! Ca colle, on y croit, c’est tellement sournois, discret mais prégnant ! En plus y’aurait les séniors des publicités, cheveux blancs grand sourire sportifs et en forme, et les autres, malades, physiquement et/ou mentalement … Mais … Qu’est-ce qu’une société qui culpabilise ses aînés, qui eux-mêmes ont travaillé, cotisé avec plaisir pour leurs propres aînés ? Et … croyez-le ou non, je me sens maintenant riche, riche d’expérience, de vécu, d’amour donné et reçu, d’idées défendues bec et ongle un jour puis remises en question et aujourd’hui oubliées depuis longtemps … Un « Vieux », une « Vieille », c’est un survivant, c’est respectable, c’est beau ! Il est temps, aujourd’hui où les « Vieux » sont si nombreux, de changer de regard. Et de les aider à le faire eux-mêmes. Merci tellement de les y aider.

    • Marie-Laurence Cattoire Répondre

      Merci beaucoup pour ce message qui apporte un témoignage très utile il me semble. En effet la culpabilité de devenir soi-disant « assisté·e » est profondément injuste. Pour faire changer le regard sur l’âge, il est urgent de transmettre et partager les expériences, les richesses et aussi… la joie de vivre des personnes mûres !

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