Le fabuleux destin de Liv Ullmann

Je viens de terminer la lecture d’un formidable livre : « Devenir » de l’actrice norvégienne Liv Ullmann. Paru en France en 1977 chez Stock, puis réédité au Livre de Poche, ce livre est une autobiographie passionnante. À cette époque, Liv Ullmann a déjà tourné avec les plus grands, elle a fait le tour du monde, elle est nominée aux Oscars, invitée aux tables les plus prestigieuses comme à la Maison Blanche… Et c’est pourtant la simplicité qui transparaît au fil des pages. Une simplicité exaltante car réelle, humaine, pleine de curiosité pour cette drôle de vie.

Une femme forte et vulnérable

La vie de cette actrice est un roman ! Celui d’une femme forte et vulnérable. Star de cinéma et maman. Européenne mais enrôlée un temps par Hollywood. Amoureuse mais jamais mièvre.

En se racontant, Liv Ullmann livre ses doutes, ses obstacles, ses échecs avec beaucoup d’honnêteté et de délicatesse. Hommage à toute une génération de films et de cinéastes, ce livre est aussi et avant tout un hommage aux femmes, à la position des femmes dans ce milieu du spectacle et dans la société en général. En cela, l’ouvrage est impressionnant de justesse. Liv Ullmann cherche sans cesse, et avec beaucoup de courage, sa place. Entre la culpabilité de ne pas être assez présente pour sa fille et son impossibilité à vivre autrement que sur une scène ou devant une caméra. Entre une reconnaissance internationale et le regard impitoyable des médias. Entre une histoire d’amour intense (les années passées avec Ingmar Bergman) et le refus de se résigner ou de se laisser enfermer.

Par l’attention fine et clairvoyante que Liv Ullmann porte à son existence, elle développe un regard que l’on pourrait qualifier de méditatif.

Un petit bonheur simple

Un passage, pages 200 et 201 du livre, résonne particulièrement avec une attitude que la méditation met en lumière : notre étrange et naïve recherche du bonheur « à tout prix », dont j’ai déjà parlé dans un précédent article.

Voici avec quelle modernité Liv Ullmann en parle dès les années 70’s :

La difficulté était de résister à tout ce qui vous entoure : certains livres, les programmes de télévision, les films, les journaux et les médias de masse qui vous clament chaque jour ce que doit être un homme heureux, vous promettent des montagnes, des triomphes.

Et moi j’étais là avec mon petit bonheur tout simple, satisfaite de ce que j’avais, jusqu’à ce qu’on me fasse observer que l’amour par exemple, si splendidement décrit dans les chansons, les livres, la peinture,  était beaucoup plus que ce que j’avais.

J’étais parfois effrayée, je me réveillais la nuit et je me mettais à pleurer, parce que, en dépit des résultats obtenus – et à chaque fois je pensais avoir atteint quelque chose – il se trouvait toujours quelqu’un pour s’exclamer qu’il y avait beaucoup mieux à obtenir…

Elle termine ce passage par une phrase qui dit bien comment il est possible d’accueillir la vie entièrement, avec ses joies et ses tourments. Une vie réelle plutôt que rêvée, humaine plutôt qu’artificielle :

Bien des rêves que j’ai caressés ne devaient jamais se réaliser, mais j’ai découvert, en revanche, une chose que je n’avais jamais rêvée, à savoir que la réalité peut-être merveilleuse, même si la vie ne l’est pas.

Au-delà de nos idées reçues sur ce que pourrait être une existence heureuse, ce livre nous montre comment un parcours exigeant et parfois chaotique, peut devenir un chemin vers plus de sensibilité et d’intelligence.

 

 

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