D’où nous vient cette croyance que savoir est mieux que de douter ? De plus, nous pensons que celui qui sait a forcément raison. Bien que la science ne cesse de démontrer que ce qu’elle savait l’année d’avant n’est peut-être plus valable l’année d’après, nous continuons à fonctionner comme si savoir était la preuve que nous avons raison…
La peur de ne pas savoir
Le savoir a supplanté le doute, supprimant dans le même temps le droit au questionnement, à l’intuition, l’accès à un lieu dans lequel il est permis de s’interroger, de sentir, d’explorer… Par exemple, avons-nous encore le droit de prendre le temps avant de répondre ? Non, car nous sommes censées savoir. Si ce n’est pas le cas, nous nous taisons. Nous taisons nos doutes.
Le doute ouvre le champ des possibles
Pourtant, quand le doute s’installe, il aiguise mon intelligence, il la met sur le gril. Le fait de douter me place avant la réponse toute faite. Cela interroge mon idée mais aussi mes sensations. Le doute demande de l’aide à mon intuition. Il considère mon expérience toute entière et pas seulement mon raisonnement intellectuel.
Retrouver un lieu oublié
Le doute ouvre la question et élargit les possibilités. Et il me fait reconnaître un endroit oublié, originaire, celui du savoir véritable qui ne se montre que lorsque l’on s’arrête suffisamment longtemps. Bien sûr, c’est moins confortable que de croire que l’on sait mais c’est tellement plus excitant !
Le droit de ne pas savoir
Nous ne savons rien. Personne ne sait rien, jamais, définitivement. Alors, nous avons le droit de questionner, de remettre en cause, de douter. Et par là d’inventer de nouveaux modèles, de nouveaux paradigmes. Loin des contraintes apprises. C’est notre droit le plus strict. C’est notre responsabilité d’être humain.
Extrait de mon essai « Affirmez-vous ! » publié chez Pocket en 2023