Méditer pour respirer

En lisant les délicieux livres de Françoise Héritier, j’ai découvert un mot que cette grande anthropologue a remis au goût du jour : se repêmer*. Ce joli verbe bourbonnais signifie, dit-elle, « reprendre son souffle, se dilater, décanter, reprendre confiance en soi, respirer librement »… Ainsi l’accord au souffle, selon elle, serait une porte qui s’ouvrirait vers davantage de confiance et de liberté.

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Pour autant, se repêmer est loin d’être un exercice respiratoire… J’ai cherché si l’on pouvait trouver ce mot dans la littérature et je l’ai retrouvé dans une lettre que Georges Sand écrit à Paul Meurice**.

Comment vivre les moments de retrait ?

George Sand explique qu’il lui est nécessaire de se repêmer pour donner à son travail le dévouement qu’il mérite. Se repêmer consiste pour elle à s’accorder des moments de retrait, des moments « de rien », pour échapper au tumulte du quotidien.

Se repêmer c’est ce moment où l’on se recueille, on obéit à son sentiment individuel, on échappe à l’ivresse collective.

La lenteur de ces moments – et la forme d’ennui qui en découle – est peut-être ce que nous pourrions avoir de plus précieux aujourd’hui. Nous pouvons même aller plus loin et dire que la lenteur et l’ennui sont sources de création. Au fond rien de durable ne sort jamais de la précipitation***. Voilà pourquoi apprendre à ralentir en prenant soin de son souffle est si précieux.

Ralentir pour devenir créatif

Si l’on veut créer, si l’on veut une vie créative, il s’agit de ralentir. C’est, au fond, ce que nous apprenons à faire en portant attention au souffle. Nous nous repêmons. Nous reprenons souffle, nous cessons de survivre, d’être en apnée, pour enfin danser avec la vie. Très simplement.


*Françoise Héritier, Au gré des jours, 2017

**George Sand à Paul Meurice, 29 mars 1872, Correspondance, t. XXII

***Voir à ce propos l’article très éclairant sur le blog de la révolution féministe « Les Glorieuses »

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