La méditation pour libérer les femmes

Mon travail d’écriture pour l’essai « Éclore, enfin » (à retrouver chez Pocket sous le titre Affirmez-vous !) m’a amenée à enquêter très précisément sur le monde dans lequel j’avais grandi. Ce monde dans lequel j’ai appris à travailler, à aimer, à élever mes enfants. Plus j’avançais dans cette enquête, plus je réalisais une croyance qui avait été fortement ancrée en moi durant mes 40 premières années. Celle que les « combats » féministes étaient derrière nous. Que l’égalité homme/femme était acquise et que je n’avais vraiment aucune raison de me plaindre de ma condition de femme.

Je réalisais même que toute ma vie, j’avais eu peur de me dire – ou de me penser – féministe.

C’est la même chose que de croire qu’il n’y a plus de problèmes de racisme en France par exemple. Ou qu’il n’y a plus aucune discrimination due à nos orientations sexuelles…

Tu sais pas gérer

Quand une croyance comme celle-ci « les femmes sont les égales des hommes et vice-versa » est solidement ancrée en vous, cela veut dire qu’à chaque fois que vous êtes face à un problème sexiste c’est de votre faute. C’est un problème privé, personnel, individuel. C’est vous qui ne savez pas bien gérer la situation.

En effet, la société a fait ce qu’elle avait à faire. Elle a donné le droit de vote aux femmes, elle leur a offert la contraception, la libération sexuelle, le droit de travailler ou d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari. Donc si je me plains c’est que j’ai un problème personnel. C’est que je suis vraiment ingrate. Ou que j’ai un problème avec les hommes. Ou un problème avec le pouvoir…

J’avais tellement bien intégré le mythe de cette soi-disant égalité homme/femme que je ne voyais plus les contraintes sociétales qui pèsent sur les femmes… Ce sexisme devenu tellement banal qu’on ne le voit (presque) plus…

La femme est l’égale de l’homme, vraiment ?

Par exemple la société raconte aux femmes qu’elles ont la liberté de travailler. Mais on leur enlève très peu des charges maternelles et domestiques qui pèsent sur elles. Et pourtant les femmes pensent encore que si elles n’arrivent pas à cumuler deux ou trois vies en même temps, c’est qu’elles ne savent pas s’organiser. Alors on leur vend des guides de développement personnel pour mieux gérer leur quotidien.

La société raconte aux femmes qu’elles ont autant de pouvoir que les hommes. Et si elles n’arrivent pas à faire carrière ou à se faire entendre, elles pensent que c’est parce qu’elles sont incompétentes. Or elles n’ont absolument pas le même accès aux médias, à la culture, aux postes à responsabilité. Alors on leur vend des manuels d’empowerment.

La société raconte aux femmes que c’est beau la maturité, la sagesse, l’expérience. Mais c’est beau surtout pour les hommes ! Car être une femme de 50, 60 ou 70 ans c’est quasiment l’assurance de devenir invisible. Et là encore on pense quand même un peu que c’est de notre faute et que c’est important d’entretenir son corps, sa beauté, sa jeunesse… Alors on nous vend des crèmes anti-rides, des liftings et des séances de sport.

Retrouver de la tendresse pour soi

Alors comment avoir de la tendresse pour soi quand on est persuadé d’avoir tant de problèmes psychologiques ? Comment entrer en amitié avec soi quand on se sent si inadapté.e ?

Et bien en réalisant qu’il ne s’agit pas d’un problème personnel mais bien d’un phénomène de société tout particulier. Cet ordre sociétal est basé sur une logique binaire. Sur des rapports domination/soumission que l’on retrouve à tous les niveaux de notre vie. Et ça, c’est vraiment passionnant à découvrir. Je me suis régalée à décortiquer tous ces mécanismes. À déconstruire mes croyances, c’est très ludique, très joyeux, très libérateur.

C’est ça le féminisme joyeux : déconstruire la logique binaire qui restreint nos vies et nous enferme toutes et tous.

Quand j’ai rencontré la méditation il y a 20 ans, ma croyance en une société qui serait normale et moi qui serait anormale, a commencé à se fissurer. J’ai pu commencer à sortir de mon sentiment d’imposture… Et à interroger le sexisme ordinaire…

La méditation pour voir plus clairement le système

La méditation m’a aidé à voir plus clair. Elle m’a permis de comparer honnêtement ce qu’on me racontait avec ce que je vivais. La méditation m’a entraînée à valider si ce qu’on me proposait me convenait à partir de par ma propre expérience. La manière de vivre l’amour, de vivre mon couple, d’élever mes enfants, de travailler avec collègues, de communiquer avec mes clients et mes clientes…

Au lieu de rester prisonnière de croyances toute faites, j’ai pu commencer à regarder cela à partir de l’espace de la méditation. Cet espace de clarté et de vitalité.

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