Comment je suis devenue végétarienne

Cesser de manger de la viande ou juste réduire ma consommation est une question qui me travaille depuis… des années ! Je sais parfaitement que notre consommation excessive de viande participe à la catastrophe écologique. Que les élevages industriels sont indignes d’une société qui se veut éthique ou simplement humaine. Pourtant cela faisait des années que je continuais à me régaler avec du poulet, du poisson ou des travers de porc sans trouver une motivation durable pour arrêter.

Et puis j’ai lu le livre de Danielle Moyse et j’ai compris que le contenu de mon assiette allait changer.

La souffrance animale

La première partie du livre nous montre de manière très claire comment la souffrance que nous faisons subir aux animaux porte atteinte à notre humanité. Danielle Moyse nous explique très directement que l’homme ne peut se respecter lui-même en rabaissant l’animal au rang d’une denrée de production consommable. En considérant que tuer un animal n’est pas vraiment tuer. Elle nous rappelle que la souffrance que nous faisons subir aux animaux est un passe-droit pour faire subir la même souffrance aux êtres humains. L’histoire du XXème siècle l’a démontré. L’auteure dresse un plaidoyer vivant et percutant. Combien de temps allons-nous encore pouvoir fermer les yeux ? Combien de temps allons-nous faire comme si cette production de chair aussi massive qu’abominable était normale ? C’est convaincant et très bouleversant. Mais ce n’est peut-être pas ce qui m’a fait basculer dans le végétarisme…

Le miracle qu’est l’animal

C’est par la deuxième partie du livre que j’ai été littéralement renversée. Intitulée « L’animal gardien du temple de la plénitude » cette seconde moitié de l’ouvrage nous transporte dans le pays magique du règne animal. Puissante, merveilleuse, extrêmement vivante, la présence animale nous ramène à une réalité des plus tangibles, libérée des constructions mentales. Une réalité en prise directe avec la terre.

L’animal ne perd jamais la terre

écrit Danielle Moyse. Ne perdant jamais la terre, il nous l’offre dès que nous nous relions à lui. Que l’animal soit sauvage (un oiseau dans le jardin, une biche dans le bois, un lièvre dans un champ la nuit) ou domestique (l’imperturbable chat, le chien fidèle) dès que nous l’apercevons il nous indique ce qu’est la pleine présence. Sans intermédiaire, avec la plus grande évidence, il nous rappelle que nous sommes habitant.e.s de la terre. L’animal nous replace dans un monde empli de vie.

Danielle Moyse et Marie-Laurence Cattoire dans un jardin ensoleillé regardent l'objectif
Danielle Moyse à gauche, auteure de L’extermination des animaux ou le suicide de l’homme, Les éditions du Cerf.

L’animal est poésie

En citant le sculpteur Alberto Giacometti ou l’écrivain Maurice Genevoix, Danielle Moyse nous rappelle aussi combien la présence de l’animal contient de poésie.

« Les animaux habitent nos esprits. Tout se passe comme s’ils se tenaient sur la frontière fragile entre le réel et le rêve. »

En lisant ces mots, soudain je me suis souvenue combien, adolescente, la vie animale faisait partie de mes jours et de mes nuits. Combien j’ai pu si souvent me consoler auprès d’un chien, m’émerveiller devant les poussins de ma basse-cour, être impressionnée face à une horde de sangliers et leur force archaïque. Je me suis souvenue combien les animaux m’avaient aidé… à vivre. Par leur beauté, leur simplicité, leurs yeux. Quelle mystérieuse beauté dans les yeux d’une chèvre, d’une souris ou d’un cheval…

Un compagnon de vie

L’animal accompagne l’homme, sans rien demander en retour. Il nous rassure sur la possibilité d’une harmonie qui ne dépende pas uniquement de nous. C’est certainement pour cela que les livres pour enfants regorgent d’animaux tour à tour magiques, drôles, savants, espiègles, exemplaires. Des animaux qui apprennent aux petits d’hommes à s’élever et à comprendre la vie… La terre est ma demeure enseignait Thich Nhat Hanh, et cette demeure est peuplée d’animaux qui nous accompagnent.

Apprendre par la joie

Depuis la lecture du livre de Danielle Moyse, et bien qu’à aucun moment l’auteure ne fasse de prosélytisme ou n’encourage à devenir végétarien, la lecture de son ouvrage a agi sur moi comme un révélateur… Je n’ai plus mangé le moindre morceau de viande. Et j’ai compris quelque chose de très important pour moi : c’est toujours en me reliant à la joie (dans ce cas-là la joie que me donne l’animal de par sa seule présence) que je peux avancer dans mon existence.

C’est en me reliant à la joie que je peux avancer dans mon existence

Pas en me culpabilisant ou en ressentant de la honte. J’ai réalisé que toutes les grandes étapes de ma vie avaient été franchies par la joie, cette énergie qui me nourrit en profondeur et me donne tant de force.

C’est ce que j’aime avec la méditation. Elle m’offre un chemin dans lequel l’idée n’est jamais de se juger mal, de s’en vouloir ou de chercher à s’améliorer par la force. Mais au contraire de se libérer des jugements. Et de laisser la pratique nous attendrir peu à peu, jour après jour avec une radicale non-violence. Les pratiques de bienveillance notamment m’ont familiarisée avec la grande joie d’être vivante (que je sois heureuse ou triste), le bonheur de me sentir reliée aux autres, à tous les autres.

Peut-être est-ce par la reconquête d’une joie profonde que nous pourrons peu à peu redevenir plus respectueux de la nature, des animaux et du monde.

Pour lire l’article que j’ai écrit pour La Vie suite à ma rencontre avec Danielle Moyse c’est ici.

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